De Moscou à la Mongolie en passant par la Sibérie, nos aventures par écrit
18 juillet – 14 août 2016

Audrey, Sophie et moi-même nous envolons depuis Paris vers Moscou, avec une escale de quelques heures à Prague pendant laquelle nous avons la possibilité de nous promener dans le centre ville et sur le fameux pont Charles. Prague semble être une ville magnifique, très dynamique, il en ressort une belle douceur de vivre et une grande tranquillité.

Nous passons ensuite deux jours à Moscou, à nous promener et visiter. Nous commençons par flâner dans l’ancienne rue Arbat, très fleurie et remplie de petits magasins et restos cosmopolites. Nous trouvons notre auberge de jeunesse non loin de la nouvelle rue Arbat. Puis nous visitons les endroits forts de Moscou, la Place Rouge, les jardins du Kremlin, la magnifique basilique de Saint-Basile-le-Bienheureux (photo ci-contre), la place Loubianka, le café Pouchkine, les belles stations de métro, etc. La ville est très belle, l’architecture très impressionnante, l’atmosphère est cependant un peu pensante pour nous petits européens, et la froideur des Moscovites n’est effectivement pas un mythe… Il aurait fallu rester beaucoup plus de temps pour faire des connaissances ou ne serait-ce qu’engager la conversation.

Le 20 juillet, nous embarquons dans l’emblématique Transsibérien. Nous découvrons notre petit cocon, dortoir de 4 couchettes, dans lequel nous passerons les 4 jours de voyage. Nous partageons notre dortoir avec un homme russe, habitué du voyage, partant travailler en Sibérie alors que sa famille habite à Moscou, il fait le voyage aller et retour très souvent. C’est hallucinant. Et c’est parti pour la traversée de la Russie pendant 4 jours ! Il n’y a pas grand-chose à faire dans le train, si ce n’est profiter du paysage qui défile par la fenêtre, manger (presque seulement des noodles car il n’y a que de l’eau bouillante à disposition), discuter, lire. Plusieurs arrêts sont prévus pendant le voyage, avec à chaque fois environ 30 minutes pour se dégourdir les jambes sur le quai.

Nous avons rencontré deux jeunes compagnons de wagon russes avec lesquels nous avons longuement joué aux cartes (au Dourak, qui signifie « stupide » en russe, cela ressemble à notre pouilleux !), d’autres français, une Azerbaïdjanaise, etc. Nous nous arrêtons notamment dans les grandes villes de Ekaterinburg et Novosibirsk. Les Russes donnent généralement l’impression d’être froids, râlent et soupirent beaucoup, n’ont pas vraiment envie de faire l’effort de parler une autre langue, mais ils semblent très gentils et bons, très courageux et ne se plaignent jamais. Ce n’est qu’une impression générale sur les quelques jours de voyage.

Le 24 juillet, nous arrivons enfin à notre destination sibérienne, la ville d’Irkoutsk. Un autre ami, Clément, nous rejoint et nous partons en direction d’Olkhon, qui est la plus grande île du lac Baïkal. Nous rencontrons un jeune Coréen dans le tram, avec qui nous continuons le voyage. Après un voyage en minibus d’environ 6h, routes et pistes de sable, nous prenons le ferry pour nous rendre sur l’île, dans la petite ville de Koujir.

Nous arrivons à notre petite auberge familiale. Il n’y pas l’eau courante, c’est assez spartiate, mais cela nous convient et l’accueil est très chaleureux. Ici la vie est très différente, les rues sont ne sont pas goudronnées, seulement du sable, les vaches se promènent partout ainsi que les chiens errants, les maisons sont très simples et en bois. Nous passons notre première journée à visiter l’île en VTT. L’atmosphère est particulière, chargée en fumée donnant un aspect brumeux rougeâtre au ciel, en raison de feux de forêts en Sibérie.

Pour notre deuxième journée, nous entamons une randonnée pour nous rendre de l’autre côté de l’île. Après environ 5h de marche intense, à travers une grande forêt de pins entrecoupée de clairières, nous arrivons enfin au lac. L’eau est glaciale, mais si pure, nous nous baignons et remplissons nos gourdes. Le retour au village en fin de journée est difficile, les bières du soir sont bien méritées.



Le lendemain nous reprenons le ferry et repartons vers Irkoutsk. Nous nous arrêtons au marché central pour flâner, manger et acheter quelques souvenirs, puis prenons le tram vers la gare. Nous embarquons à nouveau dans le transsibérien, direction la Mongolie et sa capitale Oulan-Bator. Deux jours de voyage. Nous retrouvons un ami colombien rencontré lors du premier voyage en train. Oulan-Oude est la dernière ville russe où s’arrête le train, certains wagons se séparent, puis nous traversons la frontière Mongole et arrivons le 2e jour au matin à Olan-Bator.

Nous gagnons notre petit appartement-auberge, où nous rencontrons l’organisateur de notre trek, puis notre chauffeur Tsengel et l’interprête, Doko, qui nous accompagneront tout au long du trek. Nous partons directement dans notre taxi-Jeep, en direction du Sud, c’est le début d’une autre aventure !

! Nous traversons de très grandes steppes pendant plusieurs heures, où nous croisons des troupeaux de vaches, moutons, chameaux, chevaux, chèvres, etc. C’est tellement immense, il n’y a aucun arbre, aucun obstacle, juste des steppes à perte de vue. Nous nous arrêtons visiter plusieurs sites de roches de granites, grottes, ruines d’une ancienne maison de méditation bouddhiste.

Nous installons notre campement près de rochers, en plein milieu des steppes, et préparons le repas avec Doko, nous sommes prêts pour notre première nuit.

Durant le deuxième jour, nous roulons beaucoup et nous arrêtons dans une ville, pour acheter de la nourriture, puis repartons pour arriver au coucher de soleil sur un site plus aride, Tsagan Suvarga, là où commence le désert de Gobi. Les falaises sont flamboyantes, rouges et ocres, sculptées par l’érosion, puis laissent place à d’immenses dunes de sables. De très nombreux fossiles et ossements de dinosaures ont été retrouvés, jusqu’à très récemment, dans cette partie du désert.

Le coucher et le lever du soleil sur les falaises sont magnifiques.

. Le lendemain, nous croisons sur la route un troupeau de chameaux auquel nous donnons de l’eau puis nous partons vers Yolyn Am, un très beau canyon protégé et verdoyant, qui signifie « bouche du vautour », où nous faisons une belle randonnée et campons.

Réveil tôt le matin pour rouler vers l’Ouest et atteindre les grandes dunes de sable, les Khongor Els. Le paysage est très particulier car il s’agit d’une superposition de trois plans : les steppes avec de l’herbe, les dunes de sable puis les montagnes au fond. La chaleur est étouffante, et les 40°C sont vite atteints dans la journée.

Nous entamons notre promenade à dos de chameaux le soir, lorsqu’il fait plus frais.

Après avoir installé notre campement, nous nous rendons au pied d’une grande dune et entamons la montée à quatre pattes dans le sable, pendant environ 40 minutes. C’est hyper difficile, mais la vue du coucher de soleil en haut et les déclinaisons de couleurs sont à couper le souffle.

Nous roulons le lendemain vers le nord, en remontant vers le centre de la Mongolie. Nous visitons en route un site de roches rouge et de sable, ressemblant fortement à une autre planète, puis le monastère d’Ongiin Khiid, détruit en 1939, sous le régime communiste, comme la plupart des monastères bouddhistes de Mongolie. Il a été en partie restauré, et de nombreux moines y viennent en pèlerinage chaque année, notamment des indiens. Le soir, une rivière nous permet enfin de nous laver un peu.

Nous repartons vers le centre du pays, direction la vallée d’Olkhon, avec quelques arrêts dans de petites villes pour se recharger. Les paysages changent et deviennent de plus en plus verts, montagnes, rivières, troupeaux de yacks se succèdent. Nous nous arrêtons chez une famille dans une yourte, où nous sommes accueillis chaleureusement avec le fameux lait de jument fermenté traditionnel, du fromage de chèvre séché au soleil et du thé au lait de chèvre. Nous prenons une photo avec eux et donnons des bonbons aux enfants.

Nous arrivons le soir dans un camp de yourtes et sommes accueillis par une autre famille, qui nous fait cette fois-ci goûter de la vodka maison, faite à partir de lait de jument également… particulier !

Le lendemain, commence notre trek à cheval, pour une semaine. Nous rencontrons nos guides et leur famille, ainsi que nos chevaux, puis nous partons dans les steppes. Mon cheval est plutôt doux, calme et suiveur. Les chevaux mongols sont bien différents de ceux dont nous avons l’habitude, ils sont petits, plus trapus et leur éducation n’est pas la même, ils se sentent plus libres et sont beaucoup plus imprévisibles !

Le deuxième jour, le chemin est différent, plus boueux et très rocheux, en montagne, beaucoup de montées et descentes. Lorsque nous arrivons devant un lac pour camper, en fin de journée, j’ai vraiment très mal aux jambes, aux cuisses et aux fesses, les selles sont également très différentes !

Après une nuit pluvieuse, nous partons le matin dans la réserve, appelée le Parc des huit lacs. C’est une région composée de volcans éteints, qui s’est formée suite aux éruptions volcaniques successives. Le paysage est très vert, de nombreuses forêts de pins et de prairies, entravé d’anciennes coulées de lave et de roche volcanique noire. Magnifique et grandiose.

Le soir, au campement, nous apprenons que notre interprète-cuisinière est tombée de son cheval pendant qu’elle allait chercher de la nourriture, qu’elle s’est cassée le poignet et qu’elle était restée dans une yourte avec une famille. Nous la retrouvons le lendemain, chez la famille qui l’a accueillie. Une chance pour elle, car l’homme de la yourte est médecin. Nous buvons encore une fois l’airag (lait de jument fermenté), du thé au lait, mangeons des crêpes. Nous jouons au ballon avec les enfants.

Nous assistons au lavement et tri des organes d’une de leurs chèvres qu’ils viennent d’égorger, toute la famille y participe, même les jeunes enfants, chacun a son rôle. C’est impressionnant.

Puis c’est reparti pour une journée de cheval, dans de magnifiques paysages de steppes vertes, rivières et troupeaux de yacks. Au camp le soir, lors du repas préparé par une famille, nous apprenons que notre interprète rentre à la capitale et qu’une autre personne la remplacera. Le lendemain, nous visitons une chute d’eau proche du camp, puis nous repartons galoper dans les steppes. Nous passons encore une journée avec nos trois guides, sans interprète, il faut s’adapter pour communiquer. Après une bonne soupe de pâtes au mouton, et un jeu de cartes, nous passons la nuit en tente.

Il se met à pleuvoir fortement la nuit et cela continue pendant la matinée. Nous restons dans le van, et partons tout de même à cheval l’après-midi, sous la pluie. C’est sans doute l’une des balades les plus difficiles, elle me paraît interminable et nous nous arrêtons quatre heures plus tard, trempés et congelés. Notre guide-chauffeur nous présente notre nouvelle interprète, Amra. Elle nous explique que nous allons nous rendre en van chez une famille, pour y dîner puis passer la nuit en tente. Nous séchons nos affaires autour d’un feu puis allons manger : des pâtes frites avec des pommes de terre et du mouton. Nous rencontrons un couple de touristes français, partis pour un trek à cheval de douze jours.

Notre guide-chauffeur nous présente notre nouvelle interprète, Amra. Elle nous explique que nous allons nous rendre en van chez une famille, pour y dîner puis passer la nuit en tente. Nous séchons nos affaires autour d’un feu puis allons manger : des pâtes frites avec des pommes de terre et du mouton. Nous rencontrons un couple de touristes français, partis pour un trek à cheval de douze jours.

Le lendemain nous entamons notre dernière journée à cheval. Dommage pour moi, j’essaie un autre cheval, et je fais une belle chute à terre sur l’épaule, après que le cheval ait pris peur. Je suis sonnée et m’évanouie sur un banc, mais après quelques frayeurs nous pouvons repartir. Mon bras et mon épaule étant bien douloureux, je me laisse tirer par un autre cheval.

Nous arrivons ensuite à un petit monastère niché dans la montagne, appelé Tövkhön. Détruit en partie à la fin des années 1930 sous le régime communiste puis reconstruit, il subsiste tout de même deux temples et deux stupas d’époque, ainsi que des grottes de méditation dans la roche. Ce monastère est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous nous installons dans une yourte le soir pour la nuit, et après le dîner nous disons au-revoir à nos guides et nos chevaux, qui repartent chez eux. C’est émouvant, car même si les conversations se limitaient souvent à des « t’es fou » ou « t’es stupide » en mongol sur le ton de l’humour, nous nous étions beaucoup attachés à eux.

Nous partons le lendemain en van vers la ville de Khakhorin, et visitons le grand monastère d’Erden Zuu, le plus ancien de Mongolie. Le lendemain matin, sur la route de retour vers Oulan-Bator, nous nous arrêtons aux Mongol Els, des petites dunes de sable fin, pour une toute dernière balade et quelques photos.

Puis nous arrivons l’après-midi à notre auberge de départ, redécouvrons la douche, les toilettes et le wifi, le grand luxe ! C’est le temps de dire au revoir à notre guide-chauffeur et notre interprète, nous sommes très émus et eux aussi. Tsengel a été comme un papa pour nous durant ces deux semaines ! Nous profitons du temps restant pour aller faire un tour dans le centre de la capitale, acheter quelques souvenirs, notamment des pulls et écharpes en cashmere local, et dîner dans un restaurant japonais.

Après une deuxième balade dans le centre le lendemain, notre voyage s’achève et nous repartons à l’aéroport, où nous attend notre vol de retour !
Ce fût sans doute le voyage le plus marquant que j’ai fait jusqu’à aujourd’hui. La découverte de la culture mongole a été très enrichissante et pleine de surprises. La plupart des mongols hors de la capitale et petites villes sont encore nomades, vivent en yourte, c’est-à-dire une seule grande pièce pour toute la famille, où l’on dort, cuisine, mange, discute, joue, reçoit des invités. Ils sont tellement généreux, accueillants, discrets, sans aucune crainte par rapport aux étrangers, ils nous traitent comme les leurs. Ils ne connaissent pas réellement la notion de propriété et vivent dans le partage total. Ils élèvent généralement des troupeaux de bêtes, yacks, chevaux, chèvres, qui représentent tout ce qu’ils possèdent. Ils doivent faire face à des conditions extrêmes durant l’hiver, avec des températures allant jusqu’à -40°C. Ils sont très solidaires, très respectueux de l’environnement et des terres, qui n’appartiennent à personne. Ils sont en permanence en communion totale avec la nature, se soignent avec elle. C’est évidemment un mode de vie très éloigné du nôtre, ce qui rend le voyage vraiment particulier, dépaysant, et remet vraiment notre façon de vivre en question. Les animaux vivent nombreux en liberté, voir les chevaux sauvages galoper dans les steppes est incroyable. Les paysages sont également inoubliables, surtout l’immensité des steppes : je n’avais jamais eu un champ de vision aussi large, aussi ouvert. Puisse-t-il resté aussi ouvert pendant longtemps !
Pour découvrir les paysages de Mongolie du Nord, les éleveurs de rennes, et leurs traditions de guérison chamanique, je vous invite à regarder le magnifique film « Un monde plus grand » avec Cécile de France. Effectivement, en Mongolie, le monde paraît plus grand.